QUELQUE FOIS à travers un jeu de pliage de papier on peut conter l'amitié
La GRUE ET l’ami
Les grues font une drôle de tête. Ailes ébouriffées, cous tendus,
elles jacassent et tourbillonnent dans l’azur au-dessus de ma tête.
Quelle toccata ! Une cacophonie de cris rauques et perçants !
Un concerto de plumes !
À tour de rôle, elles se détachent du groupe et plongent sur moi en piqué.
À chaque passage, derrière l’éclair argenté de leur bec,
On distingue très bien leurs petits yeux indignés.
Non sans raison.
C’est la première fois qu’un intrus ose les représenter en papier plié.
Et leur dignité en prend un grand coup...
Les oiseaux frôleurs ont fondu sur moi.
Début de panique.
Bras sur la tête pour me préserver des assauts.
Pas grave !
La vie du vieil homme est tissée de ces incidents fortuits qui forgent à jamais les souvenirs.
Pourtant, l’essentiel, c’est le scintillement des étoiles dans l’aube grise,
l’odeur de l’amitié à venir, le parfum envoûtant de l’espoir, la pureté du monde amical aussi.
Le partage obsédant des courbes de la ronde amicale et la rudesse de l’inespéré d’une amitié encore intouchable.
Quand le soir tombe et que la maison du vieil homme n’est plus qu’une ombre chinoise, et qu’un dernier sursaut du soleil irradie le regard du vieil homme et lui arrache un « Comme cela doit être magnifique que de connaître l’ami ! ».
Parce que il ne trouve rien de mieux à dire...et ce profond soupir qui, lui devient l’ami tant attendu,
dans ses songes et ces nuitées ourlés d’espoirs..
L’île déserte d’amis imaginaires ou le voyage en dedans d’un copain à imaginer,
à fabriquer.
Il n’y a que l’enfant qui sache créer l’amitié,
Et, survoler cerf volant au gré du vent les volutes de ces notes spontanées et naïves,
D’un camarade,
D’un partage riant : faits de bouts de ficelles et de bouts de rires qui au fond de la bouche rend l’ami sucré et les ailes des grues infinies.
Le vieil homme redevenu enfant réinvente le monde à sa mesure, parce que, quel que soit l’endroit où porte son regard, il en embrasse les limites,
et qu’il n’a nul besoin pour exister que de désirer l’ami qui devient tour à tour cet autre de soi.
J’aime à l’idée qu’un ami j’en aurais !
Et, que je ne suffirais à porter la grandeur de ces amitiés…
Merci à tous de ce partage
LOLLY